De toutes évidences, Célestin Tawamba vit ses derniers mois à la tête du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam). Si on s’en tient aux statuts de la principale organisation patronale du Cameroun, le capitaine d’industrie de 57 ans doit céder sa place à la fin de cette année. Après deux mandats de trois ans chacun, il ne peut pas candidater à nouveau. « Nul ne peut exercer la fonction du Gicam pendant une période ininterrompue excédant deux mandats de trois ans chacun », comme le prévoit l’article 15 des statuts.
Célestin Tawamba doit donc passer la main lors de la prochaine assemblée générale. Le scénario est le même : les patrons constatent la fin de son mandat et ils passent aux urnes pour élire le prochain président et les autres membres du Conseil d’administration. Problème, Célestin Tawamba n’envisage pas d’écrire ce scénario, pourtant légal. Pour s’en débarrasser, il s’est empressé de soumettre un plan de fusion avec Entreprises du Cameroun (Ecam), l’organisation patronale présidé par l’homme d’affaires Protais Ayangma. Si cette fusion est actée, le Gicam et Ecam disparaissent pour donner naissance à une nouvelle centrale patronale avec de nouveaux textes. Ce qui donne la possibilité au boss du groupe Cadyst Invest de rester en place.
Le 11 juillet dernier, Célestin Tawamba marque un premier point quand les membres du Gicam autorisent le patron des patrons d’enclencher le processus de fusion. Contrairement à ce qui a circulé dans la chronique populaire, ce vote de l’assemblée générale n’a pas adoubé la fusion avec Ecam, mais elle a plutôt donné un mandat à Célestin Tawamba pour construire cette fusion. Malheureusement, ce dernier a beaucoup de mal à suivre le calendrier de la fusion.
Ce calendrier, dont nous avons eu copie, prévoit la tenue d’un conseil d’administration conjoint Gicam et Ecam pour la mise en place d’un comité conjoint chargé d’élaborer les nouveaux textes. Le même calendrier prévoit encore une assemblée générale pour dissoudre le Gicam, la tenue d’une assemblée générale constitutive pour valider les actes constitutifs de la nouvelle organisation. Sauf que rien de tout ça n’a été organisé et rien n’est programmé, si on s’en tient à une source interne digne de foi. Il est donc difficile d’envisager la période électorale et de nouvelles élections au mois de mars 2024 que prévoit le calendrier de la fusion.
« Si ce calendrier n’est pas respecté comme c’est le cas, le projet de fusion reste dans le tiroir et il doit normalement avoir une élection à la fin de cette année comme l’exigent les statuts du Gicam. Il reviendra au prochain président de poursuivre ou non cette fusion », explique notre interlocuteur.
Cette fusion a tout d’une quadrature du cercle pour Célestin Tawamba. Il essaie en vain de trouver une solution. Malheureusement pour lui, le temps ne joue pas à sa faveur. Il sait qu’il va être quasi impossible pour lui d’obtenir la dissolution du Gicam qui requiert un vote d’au moins 75 %. Il ne lui reste plus que le passage en force. L’industriel laisse en effet penser que cette dernière option est celle qu’il a choisie. La preuve, dans une longue lettre qu’il adresse aux adhérents du Gicam le 11 octobre dernier, Célestin Tawamba annonce que des cabinets d’experts en communication et marketing travaillent en ce moment sur l’identité nominative et visuelle de la centrale à naitre alors même que le Gicam n’a toujours pas été dissout… Ambiance. De même, il annonce bien l’élection pour le premier semestre de l’année 2024.
Il ne reste plus qu’à savoir si ce passage en force va prospérer. Difficile de prévoir, même si, selon des informations collectées à bonne source, le gouvernement tient à ce que la prochaine élection au Gicam soit conforme aux textes afin d’éviter une nouvelle crise à un moment où les multiples grèves et tentatives de grèves corporatistes menacent grandement la cohésion sociale.