Finalement, Célestin Tawamba part en campagne. Les affiches du président sortant du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), candidat à sa propre succession, circulent abondamment sur les plateformes sociales depuis la semaine dernière. Un véritable teasing lancé à quelques jours de l’Assemblée générale du Gicam convoquée ce 11 juillet à Douala. Rien d’étonnant, car c’est pendant cette Assemblée générale que Célestin Tawamba a prévu de faire passer le projet de fusion qu’il a engagé avec Entreprises du Cameroun (Ecam) et, pour terminer, de demander aux patrons une rallonge de son mandat afin de consolider cette fusion.
On peut donc lire sur une de ces affiches : « Chers membres. Faites-moi confiance. Donnez-moi un nouveau mandat en votant pour la fusion et pour la présidence de la commission ». En clair, Célestin Tawamba compte prendre la tête de cette commission de transition qui va parachever le projet de fusion entre le Gicam et Ecam. Et plus stratégique qui va proposer les nouveaux statuts qui pourront lui permettre d’être définitivement candidature en toute légalité.
Mais si on en croit un patron proche de l’actuel président du Gicam, ce teasing a avant tout pour but de baliser le terrain pour un nouveau mandat du patron des patrons. Arrivé à la tête du Gicam en décembre 2017 pour un mandat de trois ans renouvelable une seule fois, Célestin Tawamba doit normalement passer le témoin ce décembre. Sauf que le projet de fusion, qu’il veut imposer coûte que coûte, va lui donner une bouée de sauvetage puisqu’il peut obtenir une rallonge de plusieurs mois pour assurer la transition qui va aboutir sur de nouveaux textes. Qui vont tout remettre à plat en ouvrant même la voie à Célestin Tawamba pour d’autres mandats.
Sauf que ce calcul électoral ne surprend vraiment personne. La candidature de Célestin Tawamba était même attendue depuis la signature du traité de fusion, le 5 mars dernier. Mais pour être certain de la manœuvre, le camp Tawamba avait à cœur de tester l’opinion en lançant ce teasing. La crainte de l’équipe de campagne du patron des patrons craint qu’une bronca populaire finisse par décourager les patrons à voter pour la fusion lors de l’Assemblée générale de ce 11 juillet.
C’est pourtant ce qui semble se dessiner. D’abord parce que l’annonce de la candidature de Célestin Tawamba a coïncidé avec le discours du président sénégalais Macky Sall qui a renoncé à un troisième mandat. Pas de chance ! La preuve, le président du Gicam passe désormais dans l’opinion pour un homme avide de pouvoir, ennemi de la démocratie, autocrate…
L’équipe de campagne de Célestin Tawamba tente maintenant de policer l’image de leur champion écornée. D’abord en saluant la décision de Macky Sall. Mireille Fomekong, patronne du cabinet-conseil Ascèse, présentée comme la directrice de cette campagne, a même publié sur sa page Facebook : « Respect infini au président Macky Sall ».
Quand ce n’est pas Macky Sall qui est encensé, c’est des gladiateurs qui parcourent les plateformes sociales pour essayer de faire la différence entre un mandat de transition et un troisième mandat. Une explication au fil rouge, qui, visiblement, a beaucoup de mal à convaincre.
Il ne reste plus qu’à savoir si cette candidature impopulaire dans l’opinion va influencer les patrons au moment de voter ce 11 juillet. Difficile à dire pour l’instant. Mais toutefois, tout reste possible car rien n’est joué d’avance. Et le président du Gicam actuel, pourrait bien contre l’avis de tous être candidat. Avec ce teasing, sa campagne semble être lancée.
La Rédaction